You are currently viewing Évolutions et tendances du tourisme dans le monde [NL63]

Évolutions et tendances du tourisme dans le monde [NL63]

Évolutions et tendances du tourisme dans le monde

Le tourisme a constitué l’une des plus importantes sources de croissance économique au 20ème siècle : de 25 millions de touristes sur le globe en 1950, les arrivées ont augmentées jusqu’à 700 millions en 2000, pour atteindre plus d’1 milliard aujourd’hui. Pesant pour 12 % du PIB mondial, le secteur touristique représente la 1ere industrie au monde.

Les pratiques actuelles paraissent pourtant bien éloignées des premières formes de tourisme, où le voyage était conçu comme une formation de l’âme pour les jeunes gens, intellectuels et artistes. Le tourisme est d’ailleurs resté très élitiste sous l’ère coloniale, avec le développement des visites des curieux de métropole dans les contrées sous domination. Au XIXème siècle, des ménages ont commencé à partir en vacances sans les pères de famille qui étaient des nobles ou bien de riches industriels. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que le tourisme de masse a connu son essor. Amélioration du niveau de vie, revenus disponibles pour les loisirs et augmentation du temps libre permis par l’émergence des congés payées ainsi que la multiplication des moyens de transport ont été les éléments moteurs de ce boom.

La massification du tourisme n’a néanmoins pas complètement effacé les inégalités d’accès à celui-ci, que ce soit au sein de la population des pays développés ou encore au regard de celle des pays en voie de développement. Toutefois, l’évolution du contexte géopolitique mondial laisse entrevoir des perspectives nouvelles. L’enjeu de la facilitation des voyages (accès, transports, sécurité, politiques des visas etc.) se posera de plus en plus. En parallèle, le secteur connaît des mutations conséquentes avec l’apparition de nouveaux créneaux porteurs.

Les grandes mutations en cours
Le numérique et la révolution des pratiques

Le numérique est en train de révolutionner en profondeur le secteur touristique. Il induit notamment la désintermédiation : les voyageurs préparent et organisent de plus en plus leurs voyages sur internet (choix de la destination, de l’itinéraire, comparaison des prix, achat du transport, hébergement, etc.). L’impact des blogs, forums de préparation au voyage, sites d’avis de voyageurs ou encore des groupes spécialisés sur les réseaux sociaux est de plus en plus considérable. Cette tendance challenge les acteurs traditionnels du secteur, qui doivent s’adapter à ces nouveaux modes de consommation ainsi qu’à de nouveaux acteurs disruptifs.

De manière générale, la transformation des comportements des voyageurs (recherche de flexibilité et de transparence, choix au dernier moment, volonté de donner du sens à ses vacances) et des supports technologiques poussent les opérateurs à repenser les stratégies marketing de masse pour suivre la tendance du « sur-mesure ».

Pour attirer de nouveaux clients, les acteurs traditionnels recourent de plus en plus à la « gamification » : promotion de l’image de marque par des jeux vidéo, jeux web et quizz.

L’investissement dans les applications mobiles représente également un enjeu majeur, elles deviennent en effet incontournables dans le secteur, allant des applications d’achat, de guide touristique jusqu’aux applications les plus innovantes.

Internet permet également de repenser la pratique du voyage,e-mail-65927_640 en s’appuyant sur l’esprit collaboratif que facilite la toile pour voyager autrement, sans intermédiaire le couchsurfing ou le woofing, qui vont dans le sens de la demande d’authenticité des voyageurs, en sont des exemples phare.

Divers acteurs ont surfé sur cette vague pour proposer de nouveaux concepts hybrides – entre le voyage sans intermédiaire et les acteurs traditionnels – comme l’échange ou le troc de maison, le logement chez l’habitant ou encore le repas chez l’habitant.

La multiplication des pays touristiques et l’émergence de nouvelles clientèles

A l’heure actuelle, l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord restent les premiers pays producteurs, récepteurs et consommateurrs de tourisme. Néanmoins ces marchés arrivent à maturité, et sont composés d’une population vieillissante.

La tendance est de plus en plus favorable pour les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), qui ont connu une croissance forte au cours des années 2000, générant ainsi une nouvelle classe moyenne et de nouveaux touristes. A titre d’exemple, le nombre de touristes de nationalité indienne a doublé depuis 2006. Plus jeunes et éduqués, ces nouveaux touristes préfèrent souvent les séjours de magasinage et les circuits touristiques aux destinations ensoleillées.

Face à l’évolution démographique en cours (vieillissement de la population des pays avancés, augmentation du nombre de touristes des pays émergents ainsi que des groupes de voyageurs multi-générationnels et des célibataires), les acteurs du secteur touristique doivent mettre en place de nouvelles stratégies d’adaptation (conception des produits, nature et volume des investissements, stratégies de promotion etc.)

Les pays en développement s’avèrent être de plus en plus attractifs pour les voyageurs. Les prévisions estiment que d’ici 2030, ils enregistreront une hausse annuelle des arrivées de 4,4 % en moyenne – Asie du Sud en tête – soit une hausse deux fois plus élevée que les pays développés et recevront d’ici peu plus de touristes que ces derniers.

_________________________________

Focus

ch

Marché émetteur connaissant la plus forte expansion depuis des années, le marché chinois s’impose. Aujourd’hui, la Chine génère à elle seule 13% des recettes touristiques mondiales. Elle est en train de devenir le plus grand marché de voyageurs d’affaires internationaux, dépassant les Etats-Unis.

La Chine se distingue de plus en plus comme opérateur (signature de partenariats avec d’importantes entreprises touristiques en Asie-Pacifique, et acquisition d’organisations occidentales (Club Med, Château Montebello etc…)

_________________________________

La stratégie d’ouverture au tourisme s’explique par des enjeux économiques (notamment en cas d’absence de matières premières ou d’activités industrielles conséquentes, ou par stratégie de diversification de l’économie ou de développement de régions en reconversion). Sur le plan géopolitique, l’ouverture de certains Etats marque une volonté de changer l’image du pays ; à des fins économiques et politiques (à l’instar de la Birmanie, nouvelle destination à la mode). Elle est également envisagée par les Pays du Golfe pour gérer l’après pétrole, comme en témoigne la volonté de créer un hub aérien entre Europe et Asie par le biais de prestations très attractives offertes par les compagnies aériennes de ces pays.

Tendances et nouveaux créneaux
 Tendances en cours du tourisme de loisirs

Idole_des_Maures_(Zanclus_cornutus)

Les voyages à des fins de loisirs représentaient plus de la moitié des arrivées internationales en 2014.L’évolution actuelle tend vers la diversification des offres : tourisme balnéaire, de shopping, tourisme culturel, tourisme sportif (été/hiver), tourisme d’aventure, de nature, rural, urbain, tourisme de parcs récréatifs, de croisières, vacances à thème, tourisme de jeux et de divertissement en sont des exemples. En parallèle, les courts séjours/week-ends et la relocalisation des déplacements ne cessent de s’accroître.

Tourisme de mémoireKZ Auschwitz, Einfahrt

Les visiteurs – individuels ou groupes (notamment scolaires) recherchent de plus en plus l’authenticité, notamment à travers l’histoire. Ils se rendent sur les lieux qui ont connu de grandes tragédies (de Kigali à Auschwitz en passant par le Ground Zero, les prisons khmères ou encore les cimetières militaires en Europe). Les grandes commémorations génèrent également des afflux conséquents de touristes. Actuellement, le tourisme mémoriel déplace plus de 20 millions de visiteurs chaque année dans le monde et ce marché est en constante expansion.

Tourisme noir 

Les randonA radioactive sign hangs on barbed wire outside a café in Pripyat.nées en Afghanistan, les visites de zones syriennes durant le conflit, des côtes somaliennes, ou encore des régions dévastées par des tsunamis/ouragans sont autant d’exemples d’offres proposées par certains tour-opérateurs pour assouvir la quête d’adrénaline des voyageurs. Ce tourisme à sensation est pratiqué essentiellement sur les zones de conflits et les zones de catastrophes naturelles ou industrielles (à l’instar de Tchernobyl ou Fukushima) et grignote de plus en plus de parts de marché.

Marchés de niche et autres nouveaux créneaux

Pour coller à l’évolution des tendances, les opérateurs se positionnent de plus en plus sur des créneaux spécialisés. Ainsi se développent de nouveaux types de tourisme comme les vacances pour la diaspora, le tourisme gay, le tourisme halal ou encore le tourisme « humanitaire ».

En parallèle, de nouveaux concepts de tourisme futuriste font leur apparition (chambre flottante et itinérante, zoo de clones d’espèces disparues, croisière en train panoramique etc). La segmentation du marché et l’hyperpersonnalisation recherchée par les clients ne feront qu’accroître la multiplication de nouveaux créneaux dans les prochaines années.

Tourisme durable

Le tourisme durable se veut être une autre manière de voyager ; il est en lente mais constante ascension. Il a le vent en poupe, notamment auprès des plus jeunes. La quête du « vrai », de la « nature authentique » (tourisme d’aventure ou écotourisme), ou de destinations sortant des circuits balisés est une tendance lourde. En Italie, le succès de l’agrotourisme ou encore les hôtels diffus (villages rénovés où cohabitent hôtes et professionnels du tourisme) démontrent l’intérêt porté à ce nouveau type d’hébergement touristique.

Depuis son avènement, le tourisme de masse est resté la forme majoritaire de tourisme. Ses impacts négatifs lui sont reprochés – en particulier dans les pays les plus pauvres – notamment sur le plan économique (inflation, hausse des prix immobiliers, investissements dans des infrastructures non prioritaires pour les locaux, saisonnalité de l’activité, dépendance aux multinationales du secteur et fuite des recettes vers l’étranger, fragilisation de l’économie par sa dépendance au tourisme, etc.). Les conséquences sociales (modification des modes de vie face au spectacle de la consommation ; érosion et folklorisation de la culture, augmentation de la prostitution notamment enfantine) et environnementales (gaspillage de ressources naturelles, pollution, urbanisation des côtes etc) poussent de plus en plus de touristes à voyager autrement.

 

Le tourisme alternatif regroupThe_color_of_real_naturee les tourismes « durable », « éthique », « solidaire », « responsable » et se conçoit avant tout en opposition au tourisme de masse, de moins en moins reconnu comme favorisant un réel développement des pays pauvres. Promouvant des pratiques plus socialement et écologiquement respectueuses, le tourisme alternatif est aujourd’hui facteur dedéveloppement à l’échelle micro-économique (projets locaux).

Avec le déplacement des centres touristiques vers le Sud, la tendance au tourisme éthique ne pourrait que s’amplifier et – comme cela a été le cas pour le commerce équitable – changer d’échelle dans les prochaines décennies.

Tourisme de santé et tourisme religieux : 30% des arrivées mondiales prévues pour 2030
 Tourisme de la santé

medical-563427_640Le tourisme de la santé est très porteur en France, notamment dans le domaine des cures, mais une volonté politique de promotion de celui-ci sur le plan strictement médical se dégage. Certains hôpitaux s’associent d’ailleurs avec des sociétés spécialisées dans l’organisation de voyages sur mesure.

Au plan international, un tourisme médical de masse est en train de se créer (particulièrement en Asie, notamment vers l’Inde et la Thaïlande). Le nombre de touristes-patients a d’ailleurs doublé dans le monde entre 2007 et 2012. Listes d’attentes prolongées, cherté des soins médicaux dans certains pays et systèmes de santé défaillants dans d’autres amplifient le phénomène. Les opérateurs du tourisme se saisissent de plus en plus de cette manne sur le plan international (hébergement, recours à une agence de voyage spécialisée, package chirurgie-vacances ou forfaits procédure médicale, billet d’avion et hôtel). Des salons du tourisme médical sont par ailleurs organisés partout dans le monde (de Monaco, à Montréal en passant par la Tunisie et la Hongrie).

Tourisme religieux

Le marché du tourisme religieux est colossal sur le plan international, et continu de s’étendre. Les pèlerinages à la Mecque, Jérusalem ou Lourdes, vers différentsjerusalem-597025_640 temples hindous ou bouddhistes ou autres lieux saints ne cessent de se multiplier avec l’augmentation de l’accès des croyants à un niveau de vie plus élevé. Les grands rassemblements religieux (comme les journées mondiales de la jeunesse), drainent également un nombre considérable de touristes.

En parallèle, le créneau du tourisme «spirituel » s’élargit auprès de la clientèle occidentale (exemple des offres de séjours dans un monastère au Tibet).

Tourisme d’affaires : un marché en pleine expansion

Le tourisme d’affaires explose et est investi par de plus en plus de prestataires. En 2015, 14% des touristes internationaux ont voyagé pour des motifs professionnels (congrès, conventionsairport-519020_640 d’entreprises, séminaires, voyages de stimulation ou de récompense ou voyages individuels des commerciaux). Les foires et salons dopent ce marché, de même que l’augmentation du nombre de voyages d’affaires réalisés par les petites entreprises. De plus, la mobilité des travailleurs indépendants et de la génération Y donnent un nouveau visage au tourisme d’affaires, poussant les opérateurs à s’adapter (nouveaux comportements, économie collaborative etc). Si la région parisienne reste le leader mondial, la tendance va vers l’augmentation des flux d’affaires vers les centres économiques tels que Londres, Francfort, Los Angeles, Hong Kong ou encore Shanghai.

 

L’équipe ADEC-NS

admin_adecns

Article rédigé par l'équipe de l'ADEC-NS