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La Banque Centrale Européenne : quel est son rôle dans la croissance économique européenne ? [NL64]

La Banque Centrale Européenne

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Organisation

La Banque Centrale Européenne (BCE) est instituée par le Traité de Maastricht en 1992. Implantée à Francfort en Allemagne, elle est indépendante des pouvoirs politiques et de toute influence économique.

Chaque Etat membre de l’UE est actionnaire de la BCE et la contribution de chaque banque centrale nationale est calculée en fonction de la part de chaque Etat dans le Produit Intérieur Brut de l’EU ainsi qu’en fonction de sa population. Ainsi les trois plus gros contributeurs à la BCE sont l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France.

Les premières missions

La BCE a vu le jour avec la monnaie unique, ayant alors pour mission de définir et mettre en œuvre la politique monétaire au sein de la zone euro. Pour ce faire, la BCE se voit confier la détention et la gestion des réserves de change des Etats membres. Banque_centrale_européenneAfin de participer au développement économique de l’Union Européenne, la BCE se doit également d’assurer le bon fonctionnement des systèmes de paiement en Europe (notamment au sein de la zone euro avec l’Espace Unique de paiements en euros). Les systèmes de paiement correspondent aux virements, prélèvements et opérations effectuées par carte bancaire qui sont réalisées quotidiennement.

Le rôle principal de la BCE est d’assurer la stabilité des prix à l’intérieur de la zone euro en préservant la valeur de la monnaie unique. En effet, la BCE a un rôle prépondérant sur l’inflation par le contrôle de la monnaie. Pour cela, elle s’efforce de maintenir l’inflation autour de 2% par an. Il s’agit ici de l’objectif prioritaire de la BCE, fixé par les Traités européens.

Entre 1999 et 2007, la BCE a mené des politiques dites « conventionnelles » afin d’assurer cette stabilité des prix au sein de l’Union Européenne. Les compétences dévolues à la BCE dans le cadre du SEBC sont la fixation des taux directeurs (taux fixés quotidiennement par la BCE et qui fixent le « prix de l’argent » pour les banques privées qui empruntent auprès de la BCE. Ce taux influe directement sur le prix des crédits et de l’épargne octroyés par les banques privées), la fixation des réserves obligatoires des banques et la création de monnaie centrale.

Cependant, la BCE a également pour objectif d’apporter un soutien à la croissance et à l’emploi.

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La Réserve Fédérale Américaine (FED) a des prérogatives plus larges que la BCE en matière économique car son champ de compétence porte sur l’inflation et la croissance au contraire de la BCE qui axe son travail uniquement sur le contrôle de l’inflation. Cependant cela peut se révéler inconfortable pour la FED car elle doit gérer ces deux objectifs de manière équivalente. Si ces objectifs se retrouvent dans des dynamiques opposées, il sera plus difficile pour la FED d’accomplir sa mission.

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L’évolution du rôle de la BCE avec la crise

Depuis la crise financière, la BCE a vu ses pouvoirs élargis. En effet, elle a été chargée en 2014 du contrôle bancaire dans le cadre du Mécanisme de Surveillance Unique (MSU). Ce mécanisme, adossé à la BCE, est chargé de surveiller et de sanctionner les banques européennes les plus importantes (« too big to fail »:« trop gros pour faire faillite ») qui menaceraient la stabilité financière de la zone euro.

Les politiques non-conventionnelles

Les mesures « non-conventionnelles » sont les mesures prises par les banques centrales dans des circonstances économiques exceptionnelles.

Baisse du taux directeur

Rapideindexment, la BCE a baissé son taux directeur à 0,5% puis 0,15%. Ce taux permet de fixer le « prix de l’argent » pour les banques privées qui souhaitent obtenir des liquidités de la part de la BCE. Plus ce taux est bas, plus il est facile pour les banques de se refinancer auprès de la BCE. Cela doit inciter les banques à accorder facilement des crédits aux entreprises et aux ménages. De plus, un taux directeur faible doit permettre aux banques de proposer des prêts à taux faibles aux entreprises et aux ménages. Cela doit donc favoriser la croissance.

Malgré cela, les banques privées se sont montrées réticentes à accorder des crédits aux ménages et aux entreprises. En effet, elles ont estimé que trop d’entreprises ou de ménages présentaient des risques d’insolvabilité ou n’étaient pas en mesure de rembourser un éventuel crédit. Suite à cette analyse, les banques privées n’ont donc pas augmenté leur nombre de crédits accordés. La baisse du taux directeur n’a donc pas eu l’effet escompté sur la croissance.

La BCE a voulu contrer ce phénomène en augmentant les liquidités disponibles sur le marché. Elle a observé que de plus en plus de banques privées préféraient déposer leur argent sur leur compte auprès de la BCE au lieu de l’utiliser pour accorder des crédits aux acteurs économiques. La BCE a donc décidé d’agir sur son taux de dépôt.

Mettez-vous dans le rôle de la BCE à travers 3 jeux interactifs :

Top floor <

> €conomia <

> Inflation Island <

Baisse du taux de dépôt

Le taux directeur est le taux rémunérateur pour les banques privées qui choisissent de placer leurs liquidités dans les coffres de la BCE.

Pour amplifier les effets de la baisse du taux directeur, la BCE a décidé d’abaisser son taux de dépôt. Le taux de dépôt est toujours inférieur au taux directeur. Suite aux mesures prises par la BCE, le taux directeur était proche de 0. Le taux de dépôt est désormais négatif et il s’agit d’une mesure inédite pour une grande banque centrale. En effet, avec un taux de dépôt négatif, les banques vont gear-384743_640désormais devoir payer afin de stocker leur argent dans les coffres de le BCE. Le but de cette mesure est de pénaliser les banques qui souhaiteraient continuer à stocker leurs liquidités au lieu de les rendre disponibles sur les marchés.

Les banques se retrouvent dans une situation où elles perdent de l’argent en le déposant auprès de la BCE. Il est donc plus avantageux pour elles d’utiliser leur argent en accordant des crédits aux ménages et aux entreprises. La BCE souhaite donc pousser les banques à accorder des crédits afin que les entreprises souhaitant investir puissent le faire. Elle applique ici une politique de relance.

Interventions de la BCE sur les marchés financiers

La BCE ne rachète jamais directement les dettes publiques contractées par les états. Cependant, grâce au programme « Opération Monétaire sur Titres », elle peut les racheter indirectement. En effet, elle les rachète auprès des acteurs privés (banques, assureurs, fonds de pensions, spéculateurs), qui eux, peuvent acheter directement les dettes publiques auprès des états.

La BCE aide ainsi les états les plus endettés. En rachetant ces obligations, la BCE permet une baisse des taux d’intérêt des obligations dans ces états. Ainsi, les Etats auront plus facilement accès aux marchés et pourront donc emprunter plus facilement afin d’investir dans l’économie.

De plus, la BCE a accepté d’assouplir les conditions de prise en garantie lorsqu’une banque privée emprunte auprès de la BCE. Lorsqu’une banque privée souhaite obtenir des liquidités auprès de la BCE, elle doit fournir des garanties de remboursement.

Face à la difficulté pour les banques européennes de se procurer des titres suffisamment bien notés pour être acceptés par la BCE, elle a décidé d’accepter des obligations de moins bonne qualité en guise de garantie. Cependant, la BCE n’accepte pas toutes les obligations et les plus « pourries » ne sont toujours pas acceptées. Cette mesure a pour effet de faciliter l’accès aux liquidités pour les banques afin de les inciter à accorder des crédits aux ménages et aux entreprises.

Les garanties de remboursement

Ces garanties sont très souvent des obligations détenues par les banques et qui sont de très bonnes qualités (ex : obligations américaines ou allemandes). Cela signifie que les banques sont sures d’être remboursées pour ces obligations.

 

Quelles conséquences pour les européens ?

Comme nous l’avons vu, la BCE souhaite donc faciliter l’accès aux liquidités pour les banques afin que ces dernières puissent accorder davantage de crédits aux entreprises et aux ménages et soutenir ainsi l’investissement et la consommation.

La BCE espère que les acteurs privés mentionnés plus avant utiliseront l’argent de ses rachats pour financer des investissements en accordant plus de crédits aux entreprises et aux ménages. En effet, pour les banques, l’achat d’obligations publiques est moins attractif suite à la baisse de leur taux d’intérêt. De plus, le taux de dépôt auprès de la BCE étant négatif, les banques n’ont pas intérêt à déposer leurs liquidités sur ces comptes car elles perdraient de l’argent. Dès lors, la solution la plus rémunératrice pour les banques consisterait à accorder plus de crédits aux entreprises et aux ménages.

Cette solution permettrait aux entreprises souhaitant investir de pouvoir le faire avec des taux d’intérêt faibles du fait de l’abondance des crédits accordés par les banques. Une relance de l’investissement par les entreprises participerait à la reprise de la croissance en Europe. Du fait de la faiblesse des taux d’intérêt également, les ménages auraient intérêt à solliciter des crédits auprès des banques plutôt que d’épargner. Cela participerait au soutien de la consommation et à la reprise de la croissance.

La BCE a créé le Securities Market Program suite à la crise grecque afin que la BCE puisse continuer à financer les banques grecques quelque soit leur notation sur les marchés. 

Vers quelle évolution de la politique financière européenne?

Ces politiques « non-conventionnelles » ont été critiquées par des économistes et des hommes politiques. Ils estiment que la BCE sort de son mandat en accordant des facilités de financement aux pays européens en crise.

La BCE se défend en arguant qu’elle n’intervient pas directement auprès des Etats mais toujours sur le marché secondaire, c’est à dire auprès d’acteurs privés et non publics. En effet, sans intervenir directement auprès des états, la BCE incite les banques, via un accès facilité aux liquidités, à faciliter un retour de la croissance en soutenant les entreprises et les ménages souhaitant avoir accès aux crédits.

La Réserve Fédéraimagesle Américaine (FED) avait pris avant la BCE des mesures non-conventionnelles pour faire face à la crise. Elle avait également facilité l’accès aux liquidités pour les banques afin que ces dernières accordent des crédits aux entreprises et aux ménages, la croissance américaine étant davantage portée par la consommation que la croissance européenne.

Suite à la crise, les banques américaines avaient réduit drastiquement les crédits, mais les mesures non-conventionnelles de la FED les ont incité à recommencer à accorder des crédits. Les ménages américains sont plus enclins à se tourner vers l’emprunt à la consommation que vers l’épargne, contrairement aux ménages européens, ce qui a permis aux mesures prises par la FED d’avoir un impact positif sur la croissance de façon plus rapide.

La croissance américaine est donc repartie à la hausse. Cependant, depuis l’été 2015, la FED s’interroge sur une remontée de son taux directeur et a commencé à diminuer les facilités d’accès aux liquidités pour les banques.

Nous avons vu que les mesures non-conventionnelles prises par la BCE avaient pour but de relancer la croissance. Cependant,les banques n’utilisent pas toujours leurs importantes liquidités pour accorder davantage de crédits aux entreprises et aux ménages. Nous pouvons donc nous interroger sur les nouvelles mesures que pourraient prendre la BCE afin de stimuler la croissance. En effet les mesures non-conventionnelles ont été soumises à de nombreuses critiques à travers l’Union Européenne et il semble peu probable que la BCE puisse à nouveau prendre de telles mesures dans le futur.

L’Equipe ADEC-NS

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Article rédigé par l'équipe de l'ADEC-NS