L’Agence Spatiale Européenne
L’entrée de l’Europe dans le domaine aérospatial débuta à la fin des années 1950, avec des satellites et missiles balistiques envoyés dans l’espace par la France et le Royaume-Uni. Néanmoins, aucun de ces projets ne pouvait rivaliser avec les programmes « Spoutnik » de l’Union Soviétique ou « Explorer » de la NASA. Après la création du Conseil européen de recherches spatiales (CERS, ESRO en anglais) en 1962 et le Centre Européen pour la construction de lanceurs d’engins spatiaux (CECLES, ELDO en anglais) dans la même année, l’Europe des 9 prévoyait de développer son premier lanceur, l’« Europa ». Trop ambitieux et dû à une mauvaise coordination entre les pays participants, ce projet fut arrêté et mit fin au CE-CLES en 1972.
Après plusieurs négociations entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, un accord vit le jour en 1975, donnant naissance à l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Les onze états membres signèrent la Convention de l’ESA dans la même année et sa ratification en 1980 lui donna une existence juridique. Une fois que la Hongrie aura ratifié la Convention qu’elle a signée début 2015, l’ESA comptera 22 états membres. Il est à noter que les membres de l’ESA ne sont pas obligatoirement des membres de l’Union Européenne.
L’Agence Spatiale Européenne divise ses activités en sept catégories. Avec un budget bien moindre que celui de la NASA américaine, l’ESA peine à se faire entendre publiquement mais est tout de même active et efficace, voici les principaux projets initiés par l’ESA.
A) Exploration scientifique et robotique
La découverte de l’espace, les origines de l’Univers et sa composition, la formation et l’évolution de notre système solaire, l’apparition de la vie, les monstrueux trous noirs, etc. sont certains axes de recherche des scientifiques de l’ESA. Elle a mené de nombreux programmes comme la sonde « Giotto » en 1986, qui a permis de recueillir des données sur la comète Halley et « Ulysse » en 1990 qui cartographie l’héliosphère, fruit de coopération entre la NASA et l’ESA.
Plus récemment, « Mars Express » lancé en 2003 pour étudier l’atmosphère et le sous-sol de Mars et Rosetta en 2004, aujourd’hui photographiant la comète 67P/Tchuriomov à 486,7 millions de km de la Terre.
Il est impossible pour l’instant de comprendre la totalité des éléments qui résident dans l’Univers, la curiosité et l’intelligence de l’homme sont les moteurs de nombreuses découvertes, mais d’innombrables mystères restent à découvrir. Des missions sont toujours planifiées pour étudier les supernovas, les trous noirs et autres évolutions de systèmes planétaires éparpillés dans le cosmos. A titre d’exemple, le télescope spatial James Webb (2013), le Hubble Space Telescope (1990) et des engins robotisés comme le laboratoire mobile ExoMars.
B) L'observation de la Terre
Depuis le lancement du premier satellite météorologique Meteosat en 1977 et autres services météorologiques pré-opérationnels, l’observation du globe terrestre a permis une meilleure compréhension des phénomènes environnementaux et changements qui font évoluer l’écosystème de notre planète.
Depuis l’espace, il est possible d’observer la pollution au dioxyde d’azote (NO2), produit de la combustion de combustibles fossiles, il est possible de prévoir l’arrivée d’un cyclone, d’un ouragan ou toute autre phénomène météorologique qui peut être de redoutable importance pour l’homme dans divers secteurs d’activités, comme l’aviation, la navigation, l’agriculture, la pêche, la construction, le sport ou les loisirs.
Si la météorologie et la climatologie ne sont pas des sciences identiques, les deux sont liées. La météorologie, science qui étudie les phénomènes atmosphériques et leurs lois, sert à prévoir l’évolution du temps sur une période courte en fonction de conditions initiales bien déterminées. La climatologie est la discipline qui étudie l’ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent l’atmosphère, permettant de proposer une description systématique et une explication de la répartition et de l’évolution à long terme des climats.
L’Eumetsat, organisation intergouvernementale européenne dont l’objectif principal est la mise en place, la maintenance et l’exploitation des systèmes européens de satellites météorologiques, collabore constamment avec l’ESA. Les satellites Meteosat (dernier lancé en 2008) et MetOp ont vu le jour grâce à cette coopération et les premières étapes de la conception de la prochaine génération de satellites météorologiques Meteosat Troisième Génération (MTG) sont en cours.
Les satellites MetOp (MetOp-A en 2006 et MetOp-B en 2012 ; MetOp-C prévu pour 2016), placés sur orbite polaire, sont capables d’analyser tout à la fois les variations climatiques à long terme et la météo quotidienne en recueillant des données sur l’atmosphère. L’Eumetsat, organisation intergouvernementale européenne dont l’objectif principal est la mise en place, la maintenance et l’exploitation des systèmes européens de satellites météorologiques, collabore constamment avec l’ESA. Les satellites Meteosat (dernier lancé en 2008) et MetOp ont vu le jour grâce à cette coopération et les premières étapes de la conception de la prochaine génération de satellites météorologiques Meteosat Troisième Génération (MTG) sont en cours.
C) Programme Galileo
Le système de positionnement par satellite Galileo, l’alternative au GPS américain mais sous contrôle civil, vise à doter l’Europe d’un système mondial de navigation par satellite, civil et indépendant, compatible avec le GPS et le GLONASS russe.
Constitué d’une flotte de 30 satellites dont 3 de rechange, Galileo accueillera le système EGNOS (European Geostationary Navigation Overlay Service) permettant de fournir des données plus précises que le GPS et de corriger les erreurs résiduelles sur les axes verticaux et horizontaux.
Le programme a subi de nombreuses déconvenues mais la nouvelle d’une reprise des lancements des satellites fin mars 2015 redonne espoir. Le déploiement progressif et le bon fonctionnement du projet serait une réussite pour l’UE. Le système devrait être 100% opérationnel en 2020.
Depuis sa naissance, le système avait rencontré quelques difficultés : des satellites lancés sur la mauvaise orbite, des problèmes techniques apparus dans l’espace, une organisation complexe et selon le rapport de la Court des Comptes européenne, [quote align= »center » color= »#999999″]« la tâche incombant à l’entreprise commune Galileo [ndlr : entreprise commune dissoute depuis décembre 2006, l’ESA a repris le rôle d’organisatrice d’appel d’offres pour le programme], a été considérablement limitée par des questions de gouvernance, un budget incomplet et des retards, ainsi que par l’organisation industrielle de la phase de développement et de validation ».[/quote]
D) Les lanceurs
Les lanceurs, ces fusées qui véhiculent humains et engins dans l’espace, sont longs et difficiles à construire, mais sont indispensables pour l’indépendance de l’Europe dans le secteur spatial. Après l’échec « Europa », le programme Ariane débute en 1973 et Ariane 1 est lancée en 1979, puis suivront ses sœurs jusqu’à Ariane 5, créée pour lancer des satellites plus gros et lourds.
Le succès Ariane est inespéré et le programme européen décide de développer une activité commerciale. Entre 1979 et 2009, environ 300 satellites de plus de 100kg étaient lancés par une fusée Ariane à partir des installations européennes situées à Kourou, en Guyane. Des satellites de télécommunications (236, dont 81 américains, 69 européens et 49 asiatiques) aux sondes spatiales et autres satellites de reconnaissance pour l’armée ou services d’observation météorologiques.
Avec l’arrivée de Space X en 2002, aujourd’hui devenu un des deux prestataires privés de la Nasa pour les lancements vers la Station Spatiale Internationale (ISS), la construction d’une nouvelle fusée moins chère s’avère nécessaire pour contrer la concurrence américaine. Le 2 décembre dernier, la décision de procéder au développement d’une version optimisée d’Ariane 5 a été acceptée par la Conférence Ministérielle européenne. Ariane 6 sera donc la nouvelle fusée qui devra se montrer compétitive face aux lancements à moitié prix du Falcon 9 de Space X.
Ce projet qui devrait profiter d’un montant de 4 milliards d’euros de la part de l’ESA et des industriels, devrait permettre un premier tir d’Ariane 6 dès 2020. La décision des ministres européens va aussi en direction d’une réorganisation du secteur spatial, en proposant un nouveau partage de responsabilités entre agences (CNES, ESA et le DLR allemand) et industriels.
En ce qui concerne les vols humains, cela fait plus de trente ans que l’ESA envoie des astronautes dans l’espace, souvent à destination de l’ISS afin d’assembler ou exploiter les éléments potentiels de recherche de la station. La contribution principale à l’ISS a été la création du laboratoire scientifique polyvalent Columbus.
E) Et demain...?
Aujourd’hui, les informations recueillies par Rosetta et Philae sur la comète Tchuri pourraient éclairer bien des questions et une première mission humaine vers la planète rouge serait envisageable à long terme, à condition de trouver un propulseur assez puissant, un vaisseau capable de garder un équipage vivant pendant 900 jours, un système efficace de freinage pour l’atterrissage, de régler la question de la survie sur Mars et d’assurer le retour !
L’enthousiasme de l’ESA ne s’arrête pas à la découverte de l’univers. Pour aider au développement des entreprises plus petites du secteur des télécommunications par satellite, l’Agence Spatiale Européenne avait pris l’initiative en 2001 de proposer aux PME et start-up du milieu des SATCOM un soutien financier, l’accès aux expériences et aux compétences de l’ESA en matière de télécommunications par satellite et la possibilité d’établir des liens avec l’industrie. Le programme ARTES est toujours d’actualité, il suffit de postuler en proposant une idée de projet (pour plus d’infos : http://artes-apps.esa.int/about-artes-applications).
Années après années, l‘aventure européenne dans l’espace a permis l’éclosion de son industrie spatiale, des découvertes scientifiques fondamentales et l’ESA a acquis une renommée mondiale. Cette aventure ne fait que commencer car l’espace est le défi du XXI° siècle. Cependant, face à la concurrence des autres puissances mondiales, l’ESA doit rester un leader en son domaine.
Grâce aux nouvelles découvertes technologiques impulsées par le besoin d’engins capables de résister dans l’espace, l’ESA promeut l’application de cette industrie dans notre quotidien, ce qui présente de nombreux avantages. Les technologies spatiales sont utilisées dans le domaine des produits de la santé, de la gestion des déchets, de la récupération des eaux.
Sources : ESA, L’Usine nouvelle, Encyclopédie Universalis, Le Petit Larousse , La Tribune, Futurasciences.
L’équipe ADEC-NS