L’Union Européenne est-elle en mesure de faire face aux contraintes économiques et commerciales de plus en plus pressantes ?
Nous pouvons analyser cette question sous un angle optimiste, en soulignant la force et la cohérence du marché unique européen. En effet, le cadre stable et durable de ce dernier permet de renforcer les règles de concurrence équitable en matière de commerce international (lois antidumping etc …). Lorsque l’un des états membres est ciblé par des mesures commerciales contraignantes, comme des barrières tarifaires ou non-tarifaires, le marché unique agit comme un bouclier grâce à la cohésion des 27 et aux poids de ces derniers.
Ce poids du marché unique permet notamment d’imposer les normes européennes, qui se veulent respectueuses au niveau environnemental et social, au niveau mondial. Nous pouvons illustrer ce propos avec le système européen de protection des données, plus respectueux de la sécurité des utilisateurs que le modèle américain de libre circulation des données, et qui inspire de nombreux pays émergents tel que l’Inde, l’Argentine etc…
Mais nous pouvons aussi souligner certaines faiblesses structurelles au niveau du fonctionnement de l’Union Européenne. Outre le manque d’harmonisation fiscale entre les états membres et l’irrespect de certaines règles budgétaires telles que la limitation de la dette public à 60% du PIB national, l’UE rencontre d’autres difficultés pour faire (re)décoller son économie.
En effet, il est difficile de construire des « champions » européens qui pourront concurrencer les « géants américains et chinois » sans une possibilité de levée de fonds importante permettant de favoriser l’émergence de jeunes entreprises performantes et innovantes. L’absence d’unification bancaire au sein de l’UE limite très clairement cela, en empêchant la libre circulation des capitaux en Europe. De plus, nous devons gagner la « bataille de l’export » pour imposer ces « champions » européens et ainsi ne pas être dépendant au niveau commercial, ce qui n’est actuellement pas le cas du fait des divergences des économies européennes sur ce sujet précisément.
Source: Constructif n°58